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L'homme mahorais est reconnaissable par son "koffia", coiffe généralement blanche et finement brodée portée essentiellement dans les mosquées ou pendant les fêtes religieuses ou, pour certains, de façon quotidienne.
A Mayotte, les historiens estiment que l'islam a été introduit aux alentours du XIII ième siècle. Est-ce à cette époque que naît la koffia mania?
L'homme mahorais peut s'engager par mariage coutumier de façon peu coûteuse avec une femme divorcée ou non, avec ou sans enfants. cette relation sert en fait de tremplin pour la grande consécration sociale à laquelle il aspire : épouser une jeune fille vierge lors d'un Grand Mariage. Ainsi, seulement ainsi deviendra-t-il quelqu'un, un notable respecté. 
Le Grand Mariage vient consacrer des années d'errance pendant lesquelles l'homme mahorais se cherche à travers diverses expériences : études, découverte du monde par ses voyages, petits mariages successifs devant le suivis de répudiations sommaires, statut professionnel, ... mais, plus importatnt, pour tout mahorais, observation des 5 prières quotidiennes et des autres obligations religieuses (pélerinage à la Mecque
, le ramadan, ...).
Sa famille ou lui-même accumule argent, or, colliers, bagues, boucles d'oreilles et autres bracelets finement travaillés pour la célébration de ce grand moment de sa vie qu'est le Grand Mariage.
Une fois ce rite accompli, il acquiert ses lettres de noblesses, sa respectabilité, participe à la vie de la cité et devient un citoyen à part entière.
Jusqu'à récemment, il avait droit à quatre épouses selon la loi musulmane. Mais s'il décidait de quitter sa famille, il partait sans rien; c'est à la femme que revenait les biens de la famille. Sa situation demeurait précaire; mais pas tant que cela car un second mariage lui assurait automatiquement logis et famille.
Un père prévoyant qui se sera acquitté de son devoir envers ses enfants - construire une maison pour chacune de ses filles - pourra dans ses vieux jours trouver refuge au foyer d'une de ses filles.
Aujourd'hui tout va très vite à Mayotte: avec le développement rapide de l'île ( infrastructures routières et socio-éducatives, urbanisme accéléré, accélération de l'envie de consommer malgré le manque d'argent - envie de voitures, de motos, de postes radio, d'habits neufs très in, ...), toutes ces traditions se trouvent remises en question par le mahorais lui-même - l'oralité, le respect de l'aîné et de sa parole, les rites ancestraux qui demandent une fidèle croyance sans questionnements, ...
En fait, le jeune homme mahorais participe aujourd'hui à la "castration" du père, à la mise à mort de la "force primitive" qui a fait justement la force de notre culture (le passé composé est volontaire), de notre mode de vie, de nos traditions. Le vieux est "décalé" par rapport à la réalité des choses. Il conçoit le monde comme une entité abstraite alors que Mayotte bouge, alors que les médias, l'internet, la "télé-réalité" nous apportent quotidiennent d'autres réalités qui se veulent concrètes, inattaquables, sûres et despiritualisées. Le djinn n'effraye plus que les enfants. Il perd peu à peu son aura de père-fouettard. La culture de la dévotion axée sur la notion de la peur de l'aîné, de l'au-delà, de l'inconnu, ..., s'étiole peu à peu pour céder la place à une interrogation plus intuitive, mais aussi directe de et sur la vie. Le "je pense donc je suis" devient "je vois donc je crois". Approche certes risquée d'appréhender le monde, car la manipulation n'est pas loin, mais le père ne propose rien à opposer à cette approche, lui-même étant pris dans la spirale de la modernité. Le jeune d'aujourd'hui, l'homme de demain et le vieillard qu'il deviendra effectue irrémédiablement sa révolution silencieuse.
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